lundi 3 mai 2010

Citoyen du monde

Le soir, pris dans les bouchons du retour, j'aime écouter "Et pourtant elle tourne" sur France Inter. Cette émission développe des sujets internationaux avec un regard décalé, différent des journaux télévisés. Les sujets sont creusés, approfondis. L'actualité n'est plus française mais étrangère. Cette émission nous invite sans cesse à prendre du recul sur notre vision du monde, forcément tronquée et étriquée. Une émission qui nous invite à la curiosité et pas que dans les domaines économiques et politiques. La musique y a aussi sa place.

C'est d'ailleurs à propos d'elle que j'écris ce post.

A propos d'un artiste, devrais je dire : Rolando Villazón. Peu connaisseur d'opéra, je n'avais jamais entendu parler de lui, ni entendu tout court. Ce ténor franco mexicain m'a transporté lorsqu'il s'est mis à.... parler de lui. Voilà ce qu'il dit et que j'ai pu mettre par écrit en réécoutant le podcast de l'émission.
Mexicain, il est devenu français il y a peu, après avoir bourlingué, erré volontairement pendant des années. "Au début de ma carrière" dit-il" ma femme et moi avons décidé de ne pas avoir de lieu fixe et comme c'était le début de ma carrière, j'avais beaucoup de temps libre, et si on avait deux mois libres, on se disait on va vivre où? ... je suis allé à Londres deux mois dans un meublé puis j'avais un concert à Gènes et je suis resté un mois puis la Grèce..." "Il y avait une règle, on ne pouvait pas garder de choses, donc on avait chacun une valise avec seulement des choses qui pouvaient rentrer dedans et avec lesquelles, on pouvait voyager. Donc, je donnais mes livres, mes disques. Si je devais changer de chaussures, je devais laisser les anciennes". "Donc c'était pas mal" dit-il en se marrant....et il arrive à Lyon où il tombe amoureux de la France. Ils veulent avoir des enfants et décident de vivre à Paris et arrêter leur vie d'errance. Le journaliste témoigne de son caractère cosmopolite, citoyen du monde et de sa philosophie personnelle sur la notion d'identité. Il parle même de son magnétisme, de sa vraie façon d'écouter ses interlocuteurs, de sa chaleur et j'en passe...Voilà ce que dit cet artiste, des villes qu'il parcourt : "J'adore marcher des heures, j'essaye de me perdre dans les villes...je me dis maintenant à droite, maintenant à gauche...ca y est je suis perdu...c'est ce que j'aime, je ne rentre pas comme un touriste mais comme quelqu'un qui peut s'arrêter dans un café, je suis un étranger partout et c'est une belle condition que d'être un étranger parce que je ne suis pas limité à une nationalité, à un endroit...je me sens habiter le monde...j'aime parler mon allemand avec des erreurs et avec mon accent espagnol, je n'ai pas honte, au contraire...(qu'on le donne ou qu'on le reçoit c'est comme un cadeau), je trouve cela d'une richesse extraordinaire, d'une musicalité merveilleuse...je cherche plutôt que les histoires, la musique. C'est beaucoup plus profond, plus universel la musique que l'on entend quand on marche dans une ville...Je crois que nous vivons dans une époque qui lutte pour cette ouverture...on a telle culture en nous et au lieu de la garder, de la protéger, de laisser les autres dehors, il nous faut la partager, la communiquer et rester complètement ouvert pour recevoir les autres influences, les autres musiques, les autres tonalités pour avoir une harmonie. C'est une utopie...mais il faut continuer, c'est le bon chemin".

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